samedi 30 octobre 2010

Togbota...ou la Venise délabrée du Bénin


30/09/10. Premier voyage à Togbota.

2 heures de voiture, 10 minutes de pirogue. 1 heure à attendre car un policier a décampé avec le permis de notre chauffeur. Et oui, cela se passe comme ça au Bénin.
Le ciel est complètement dégagé et nous mangeons sous le soleil brulant nos sandwitchs vache qui rit-thon-avocat, le standard des virées sur Togbota. Fruits de la passion en désert, et c'est parfait.

On monte dans la pirogue qui penche dangereusement sous le poids des cartons que nous avons déposé. L'eau est partout, jamais on aurait pu imaginer que là dessous se trouvait en temps normal des végétations, des cultures et même des habitations. Ecoles et dispensaires sont innondés.

Nous nous rendons vers la case des enfants, construites sur pillotis par Urgence Afrique. Grâce à la hauteur de sa construction, c'est la seule habitation qui n'est pas enfouie sous l'eau. Une trentaine de personnes nous attendent. Nous sortons les cartons et déballons les vêtements sur les tables. Tant bien que mal, il nous
faut essayer d'organiser un tri parmis les piles d'habits qui se dressent devant nous. Tous les visages sont tournés vers nous, en silence. Femmes, jeunes adultes et enfants attendent.

Et alors, la distribution commence. Eugène et Charles nous assurent la traduction pendant que Manue et moi tentons de dénicher les vêtements appropriés. Chacun attend son tour mais on remarque certains bras qui commencent à trifouiller dans les vêtements. L'impatience monte en crescendo. Et bientôt, ce qui s'annonçait arriva. Tout le monde se rua sur la tables. Les femmes hurlaient, s'arrachaient les vêtements des mains. Les enfants se faufilaient, cachaient des vêtements sous leur tee-shir dans l'espoir d'en amasser le plus possible. Les hommes criaient dans une langue que malheureusement vous ne pouvez pas comprendre. Sur tous les visages, on lit ce besoin de s'en sortir, ce cruel besoin qui vous oblige à ne penser qu'à vous et aux vôtres, qui vous pousse à agir dans un instinct de survie.

Quand à toi, tu es là, au milieu de cette foule, suant à grosse gouttes, essayant de calmer le mouvement sans pouvoir agir ni même communiquer, excédée et dépassée par le mouvement et surtout tenue par un sentiment de mal au coeur et de frustration qui est né en toi. L'impuissance est partie intégrante des expériences quer je vis.

1 commentaire:

  1. La saison de pluies va durer encore longtemps? Je suppose que tu as appris à ramer en pirogue (?) :)))

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