samedi 30 octobre 2010

Qui a eu cette idée folle, d'un jour inventer l'école?


11/10/2010

Le zem vous dépose à Atohoué, un petit village isolé où de petites habitations faites d'argile et de paille se présentent sous vos yeux. Non loin, vous apercevez l'école. Une école qui n'a pour ainsi dire rien à voir avec une école traditionnelle. Vous chercher des yeux les bâtiments mais ce n'est que 4 paillottes faites en pailles et rondins de bois, qui menacent de vous tomber dessus nimporte quand. Quand vous faites cours à l'intérieur, il fait chaud, l'eau dégouline de la paille et pourtant la vie n'a jamais été aussi présente.

Lorsque vous faites vos premiers pas dans l'école d'Atohoué, ce n'est plus les maigrichonnes paillottes que vous voyez mais cette centaine, ces deux centaines de gamins qui vous dévisagent, le sourire aux lèvres, les yeux pétillants. Ce n'est plus les paillotes que vous percevez mais les rires, les chants, les jeux.. Les "Bonjours maîtresses" de tous les coins, les garçons qui jouent au foot, les filles qui dansent..

Et plus que tout cette envie d'apprendre, de puiser dans vos connaissances, de réussir, de s'en sortir, qui se lit dans leurs regards, dans chacun des regards de la quarantaine à cinquantaine d'élèves que vous avez en classe. IL sont trois par tables, ont un manuel pour six et pourtant, ils sont avides. Dissipés comme dans toutes les écoles, parfois violents car l'éducation des parents ne peut être la même que la nôtre, mais tous avides. Ils ont parfois 15 ans en CE2, ils ne connaissent pas tous leur alphabet, ne savent pas tous lire mais l'envie de s'en sortir, ils l'ont. Ici, pas de départ précipité lors de la fin des cours. Pas un seul de ces enfants ne partira sans avoir copier tout ce qui se trouve au tableau.

Ici, l'école est perçue comme une chance. On a beau parfois dire à nos enfants, un peu sous forme de parole en l'air, "dans certains pays, c'est une chance d'aller à l'école", ce n'est seulement qu'ici qu'on se rend compte à quel point c'est vrai. L'espoir de se sortir de la misère grâce aux études est fort, est enfouis au plus profond d'eux. De la même façon qu'ils chantent.
Quand vous leur demander un chant, le monde s'arrête autour de vous...

Togbota...ou la Venise délabrée du Bénin


30/09/10. Premier voyage à Togbota.

2 heures de voiture, 10 minutes de pirogue. 1 heure à attendre car un policier a décampé avec le permis de notre chauffeur. Et oui, cela se passe comme ça au Bénin.
Le ciel est complètement dégagé et nous mangeons sous le soleil brulant nos sandwitchs vache qui rit-thon-avocat, le standard des virées sur Togbota. Fruits de la passion en désert, et c'est parfait.

On monte dans la pirogue qui penche dangereusement sous le poids des cartons que nous avons déposé. L'eau est partout, jamais on aurait pu imaginer que là dessous se trouvait en temps normal des végétations, des cultures et même des habitations. Ecoles et dispensaires sont innondés.

Nous nous rendons vers la case des enfants, construites sur pillotis par Urgence Afrique. Grâce à la hauteur de sa construction, c'est la seule habitation qui n'est pas enfouie sous l'eau. Une trentaine de personnes nous attendent. Nous sortons les cartons et déballons les vêtements sur les tables. Tant bien que mal, il nous
faut essayer d'organiser un tri parmis les piles d'habits qui se dressent devant nous. Tous les visages sont tournés vers nous, en silence. Femmes, jeunes adultes et enfants attendent.

Et alors, la distribution commence. Eugène et Charles nous assurent la traduction pendant que Manue et moi tentons de dénicher les vêtements appropriés. Chacun attend son tour mais on remarque certains bras qui commencent à trifouiller dans les vêtements. L'impatience monte en crescendo. Et bientôt, ce qui s'annonçait arriva. Tout le monde se rua sur la tables. Les femmes hurlaient, s'arrachaient les vêtements des mains. Les enfants se faufilaient, cachaient des vêtements sous leur tee-shir dans l'espoir d'en amasser le plus possible. Les hommes criaient dans une langue que malheureusement vous ne pouvez pas comprendre. Sur tous les visages, on lit ce besoin de s'en sortir, ce cruel besoin qui vous oblige à ne penser qu'à vous et aux vôtres, qui vous pousse à agir dans un instinct de survie.

Quand à toi, tu es là, au milieu de cette foule, suant à grosse gouttes, essayant de calmer le mouvement sans pouvoir agir ni même communiquer, excédée et dépassée par le mouvement et surtout tenue par un sentiment de mal au coeur et de frustration qui est né en toi. L'impuissance est partie intégrante des expériences quer je vis.

samedi 16 octobre 2010

Un jour au Bénin...


23/10/10

Une journée type au Benin, dans le cadre d'Urgence Afrique, c'est une journee chaque jour différente mais qui ne peut se passer de certains élements.
C'est une journée qui ne peut se passer du réveil quotidien à 6h du matin par le "paaainn chaud" à la voix criarde ou le concert de toutes sorte d'animaux: chevres, coq, crapauds.. qui vous tire du sommeil. C'est le petit déjeuner sur le pouce et le zem matinal, cette moto-taxi qui pétarade et vous fait défiler les paysages.

C'est le travail sur le village de Bopa, avec Ambroise, un chef de programme au coeur d'or avec qui vous vous chargez de la coordination et organisation des mission des volontaires, avec qui vous rencontrer les acteurs locaux de la commune pour de nouveaux projets, avec qui vous participer à la prévention sur différents thèmes (malnutrition,hygiene, paludisme..), avec qui vous accompagner les volontaires en strategie avancee (soins dans les villages recules), avec qui vous participez au soutien scolaire où il vous faut faire cours à une classe de 40 élèves car le directeur se retrouve seul pour un effectif de 200 enfants ou encore avec qui vous organiser l'écotourisme, les groupements de femmes en artisanat ou agriculture..

C'est les repas typique peu varies mais delicieux d Agnes, la personne qui nous recoit. C 'est la douche africaine avec un sceau d'eau et une coupelle et les toilettes seches. C est laver son linge que vous aller faire secher au moment où une pluie diluvienne choisira de s'abattre. C 'est aller chez le couturiez auquel vous avez demande un pantalon avec le tissus que vous lui avez porte la veille.

C'est la ribanbelle de gamins surexcités qui court pieds nus, vêtus d'un simple slip, vous suit et chantonne un refrain qu'ils ont tous appris "Yovo (qui veut dire "blanc!"), yovo bonsoir. Ca va bien, merci!".

C'est l'antipaludéen à prendre que vous détestez car il vous donne la nausée.

C'est les canons pris le soir au bord de la berge, un Coca, une Béninoise(bière) ou un Sodabi (alcool à 90°) pour les plus aguerris.

C'est rencontrer tous les jours de nouvelles personnes, s'enrichir par les idées, différences, discussions que génèrent les relations humaines. C'est rencontrer des gens formidables. C'est aussi rencontrer l'hypocrisie et être déçue. Le genre humain est le plus grand porteur de bonheur comme de déception.

C'est se faire manger par les moustiques qui vous laissent des souvenirs espacés de deux centimetres de peau.

C'est se coucher sous la moustiquaire, transpirant par la chaleur et la fatigue.

C'est se couper du materiel, du superficiel. C'est toucher du doigt le vrai.

C'est apprendre à vivre. J'apprends à vivre.