samedi 20 novembre 2010

Il en faut peu pour être heureux


18/11/2010

Première réelle immersion à Togbota, ce petit village coupé du monde, enclavé par le fleuve Togbota, sans accès à l'eau potable ni à l'électricité. On se croirait en pleine jungle, entourés de forêts foisonnantes qui bordent les chemins encore boueux à cause des crues.
Au coeur du village se trouve la Case des enfants dans laquelle nous logeons. C'est une case ouverte à tous, et de nombreux villageois, principalement jeunes et enfants, cohabitent avec nous, jusqu'à ce que nous allions nous coucher. La barrière de la langue freine parfois les échanges mais l'envie de communiquer est toujours présente. Vivre dans des conditions semblables nous rapproche instantanément. Et ça nous est pas toujours facile, il faut l'avouer. La chaleur humide qui vous rend trempé de sueur en quelques secondes, la boue tellement collante qu'il vous faut renoncer à garder vos chaussures et y marcher pieds nus (j'adore! Sauf quand faut les laver..), la crasse humaine qui s'incruste, la nuée de moustiques dés 18 heures et l'humidité des matelas..

Et pourtant, je vous assure que ça ne rend le séjour que plus excitant, plus vivifiant. Cette perdition dans la nature est jouissive. Le confort qui nous entoure à l'ordinaire nous coupe de cette pulsion de vie.
Le contact avec les habitants est grisant. Il suffit de faire quelques pas dans le vilage, parmi ces petites huttes encore effondrées à cause des crues, pour qu'on vous sorte des chaises et vous invite à boire un petit verre de Sodabi. Et comme il est très mal poli de refuser...
Africains et européens n'ont pas la même descente, moi je vous le dis!

" La nature attirait ceux qui étaient fatigués ou dégoûtés de l'homme et de ses oeuvres. Elle n'offrait pas seulement un moyen d'échapper à la société mais elle permettait aussi aux esprits romantiques de pratiquer le culte de leur propre âme. La solitude et la liberté totale dans la nature créaient des conditions parfaites, à la fois pour la mélancolie et la jubilation."

Roderick Nash, La Nature et l'esprit américain

lundi 15 novembre 2010

Le Bénin ou comment se faire vaudoutiser...


Le vaudou est une croyance très présente au Bénin. Sa compléxité est grande et je ne peux donc en connaître que les fondements majeurs. Mais je perçois votre curiosité aguisée, dévorante, rugissant de l'intéreur. Alors laissez moi vous expliquer ce que je sais..

Il était une fois, dans le royaume de Dahomey (ancien nom du Bénin), au temps des esclaves, la naissance d'un culte appelé vaudou. Ce culte était transporté de migration en migration d'esclaves, au prix de certaines transformations, tel un héritage qu'il fallait conserver.

Le vaudou désigne des esprits ou des puissances, avec lesquels les humains essaient de se concilier. Proche de l'animisme, c'est une croyance en concordance avec la nature, si bien que leurs Dieux sont souvent issus de cette origine.
Chaque croyant ou famille de croyant a son fétiche, représentant un Dieu. A chaque entrée d'une village, une petite case est réservée à l'adoration d'un ou plusieurs fétiches. Mais garde toi bien d'y rentrer si tu n'es familiarisé avec ces dieux.

Je ne doute pas une seule seconde que vous associez tous "vaudou" à "poupée vaudou". En effet, cette notion hollywodienne de poupée vaudou, très présente au cinéma, a donné une image macabre, sombre et machiavélique à la croyance vaudou. Pourtant, le vaudou ne s'associe par obligatoirement au mal. Il y a des personnes qui le pratiquent pour le bien, d'autres pour le mal. C'est une question d'intention.

Les pratiques de cette croyance? Elles sont très diversifiées. On invoque vaudou auprès de ces fétiches, à travers prières et chants. Les cérémonies vaudous ont souvent lieue très tard la nuit. Certaines d'entre elles sont interdites au public et le châtiment peut être rude si l'on vous surprend. Lors de ces cérémonies, on entre en contact avec les dieux par le biais d'une personne initiée, qui va entrer en transe. Si vous croiser cette personne sur votre chemin en pleine (ce qui m'ai déja arrivé..) marchez droit et ne déviez surtout pas en sa direction.

Insulter vaudou est une faute qui peut également coûter chèr. Il vous suffit d'entendre des cris dans le village, de percevoir un mouvement de foule pour être au courant de la faute commise. Une cinquantaine de manifestants se rassemble en criant le nom de la personne fautive, fait le tour du village et se dirige vers la maison du coupable, et cela jusqu'à ce que la personne daigne à s'excuser. Si cette même personne résiste, on ira jusqu'à détruire sa maison et la renier du village.

Au Bénin, on utilise peu les poupées vaudous. Mais quand on vous veut du mal, on trouve toujours le moyen d'invoquer les dieux et de vous jeter un sort.
Alors....prenez garde.

dimanche 7 novembre 2010

Les concepts du Bénin


Laissez moi vous entrainer, laissez vous entrainer dans un autre monde, une autre dimension où vous circulez dans l'espace à moto, dans une course d'obstacle où le contre-sens devient routine et partie intégrante des trajets. Où les longs trajets se font en taxis-brousse, moyen de transport qui n'a rien du 4/4 volumineux qu'on imagine, mais qui se présente sous forme d'une vieille voiture dans laquelle on s'entasse à 8 dedans, les meilleures places étant toujours celles proches de la fenêtre car c'est les seules où l'on puisse respirer.

Imprégnez vous d'un franc-parlé où les expressions vous offrent plein de surprise où l'on dit "bonsoir" dés deux heures de l'après-midi, où vous entendez tous les jours "bonne arrivée" même lorsque la marchande de pain vous voit faire 50 mètres, où il est habituel de dire "à tout à l'heure" sans qu'il soit utile de dire "ah non ce soir je ne serai pas là..mais peut être demain ou en fin de semaine ou.." (on vous prend juste pour un cinglé), où l'on vous souhaite une "bonne assise!" lorsque vous vous posez quelque part, où l'on vous demande à la fin d'une journée de travail "alors on a fait un peu?" (le nombre de fois où j'ai répondu "..on a fait quoi?" avant de comprendre..).
Ici, "doucement" signifie "pardon", ici on vous aborde avec une multiplicité de questions tout aussi diverses commençant par "et": et la santé? et la fatigue d'hier? et la famille? et les moustiques? et le réveil?. Ici, on dit bonjour à tout le monde en serrant la main et en claquant des doigts au moment du glissement de celles-ci (je vous ferai une démo!)

Imaginez vous un monde où les chèvres et porcs sont comme des membres de la population, où les cafards, araignées, mantes religieuses et moustiques sont vos compagnons de chambre, où la douche se fait sous ciel ouvert et où il pleut forcément pendant que vous êtes aux toilettes! Faites coucou aux souris et petits rats qui défilent dans les maisons et font des trous dans votre sachet de pain.

Sentez la l'atmosphère pensante, lourde de chaleur qui laissera place à un orage plein de fougue accompagné d'une pluie diluvienne qui vous aura surpris sur le chemin du retour, vous laissant trempé et hilare à marcher dans des flaques qui vous monte jusqu'aux genoux, perdant à moitié vos tongs qui s'enfonce dans la gadoue. Sautez de cailloux en cailloux lorsque vous vous rendez dans les endroits inondés. Tout est un jeu d'équilibre.

Allez dans des restaurants qui vous réservent aussi plein de surprise, avec du lapin en guise de poulet, des frites en guise de salade, des plats que vous n'avez jamais commandé. Goûtez au piment, qui même si on vous promet son absence, se trouve toujours en pointe et vous monte dangereusement jusqu'au nez, aux lèvres, à la bouche. (je sais ce que vous connaissez ma faiblesse du piment mais je vous promets qu'il ne s'agissait pas que de moi! ^^). Mangez un morceau de pain qui craque sous la dent et dites vous, "ah tiens, une fourmis!".
Régalez vous de mini-bananes, talé-talé (beignets de bananes), oranges juteuses, ananas et compagnie. Buvez de l'eau dans des sachets, buvets une noix de coco à la paille, des glaces au yaourt en berlingot.

Regardez la nuit tomber à 6h45 battante. Oubliez votre lampe de poche et sortez la nuit dans des rues qui ne sont pas éclairées, en ne sachant pas où vous mettez les pieds et en marmonnant "et merde!"

Tant de concepts différents et attachant au Bénin..
Tant de choses à vous raconter..