18/11/2010
Première réelle immersion à Togbota, ce petit village coupé du monde, enclavé par le fleuve Togbota, sans accès à l'eau potable ni à l'électricité. On se croirait en pleine jungle, entourés de forêts foisonnantes qui bordent les chemins encore boueux à cause des crues.
Au coeur du village se trouve la Case des enfants dans laquelle nous logeons. C'est une case ouverte à tous, et de nombreux villageois, principalement jeunes et enfants, cohabitent avec nous, jusqu'à ce que nous allions nous coucher. La barrière de la langue freine parfois les échanges mais l'envie de communiquer est toujours présente. Vivre dans des conditions semblables nous rapproche instantanément. Et ça nous est pas toujours facile, il faut l'avouer. La chaleur humide qui vous rend trempé de sueur en quelques secondes, la boue tellement collante qu'il vous faut renoncer à garder vos chaussures et y marcher pieds nus (j'adore! Sauf quand faut les laver..), la crasse humaine qui s'incruste, la nuée de moustiques dés 18 heures et l'humidité des matelas..
Et pourtant, je vous assure que ça ne rend le séjour que plus excitant, plus vivifiant. Cette perdition dans la nature est jouissive. Le confort qui nous entoure à l'ordinaire nous coupe de cette pulsion de vie.
Le contact avec les habitants est grisant. Il suffit de faire quelques pas dans le vilage, parmi ces petites huttes encore effondrées à cause des crues, pour qu'on vous sorte des chaises et vous invite à boire un petit verre de Sodabi. Et comme il est très mal poli de refuser...
Africains et européens n'ont pas la même descente, moi je vous le dis!
" La nature attirait ceux qui étaient fatigués ou dégoûtés de l'homme et de ses oeuvres. Elle n'offrait pas seulement un moyen d'échapper à la société mais elle permettait aussi aux esprits romantiques de pratiquer le culte de leur propre âme. La solitude et la liberté totale dans la nature créaient des conditions parfaites, à la fois pour la mélancolie et la jubilation."
Roderick Nash, La Nature et l'esprit américain